Ils connaîtront le site où le feu se nomme Empereur Ondulant sur leur fleuve pour s'embraser dans l'honneur Ils deviendront les vestiges d'un passé ravisseur Et les épaves d'un ordre nouveau d'inquisiteurs
Maintenant, ils désertent le cours de leurs songes Pour qu'enfin s'achève ce repos qui les ronge Car le feu, sortant de son lugubre manoir, Jettera de ses flammes sur leurs ailes noires
Seul subsistent quelques braises naguère vives Des flammes bifides aux pointes incisives Des éclats de foudre aux étincelles farouches Qui incendient toutes les âmes qu'elles touchent
Ils sont tourmentés, ces esprits du mal vêtus de voiles, L'incarnation même d'ignominie de leurs ancêtres Car un jour, un peintre les a déposé sur sa toile Pour esquisser un poignard où leur coeur devait être
Un vil torrent de sang exsuda de leurs yeux Et ainsi, le Phlégéton submergea les lieux…
(Excessives sont les eaux où les âmes brûlent Révélant de leurs mémoires tout leurs scrupules Voyez les flammes qui jaillissent d'une houle Torréfier tout ce que les tourmentés refoulent
Vautrés dans les jusants d'une mer éternelle Ils ferment les portes de leurs sens pour céder Aux puissances qui soignent leurs états charnels Dans les noirs tréfonds du séjour des décédés...
Leurs calvaires mortels jonchés de milliers de blessures Par-delà les ombres incessantes enfin s'épurent Mais le goût de la damnation est si subtil Car ils renaîtront infâmes, vicieux et vils