Quelquefois, seul dans l’ombre d’un autre Je me sens sans vie derrière un feu qui se vautre Un éclat de cendre, sans lustre ni lueur Telle la victime d’un insensible tueur
Quelquefois égaré dans d’infects méandres Je me sens loin du havre où je dois me rendre Une simple larme dans une mer éthérée Une proie aisée dans une mâchoire acérée
Quand la douleur devient convive Les repas s’épicent d’une affliction vive
Le réel altéré que tous vénère S’exprime à mes yeux morne et délétère J’ai été jeté dans ce monde hostile Comme un condamné voué à une mort futile Comment voulez-vous que je me laisse pendre Quand on viole et que l’on tue sans rien comprendre? Sensible, je traînasse seul quelquefois Seul, je sens que je ne dois pas perdre foi
Quelquefois, lorsque mes cris meurent taciturnes Lorsque l’écho des ombres n’est plus qu’un zéphyr Mes désirs s'enfièvrent pour l’ère nocturne Reléguant d’apaisantes lumières saphir
Quelquefois lorsque mes soupirs blessent les vents Lorsque mes larmes souillent les grands océans Je demande au mal qui sans cesse me consume : « Laisse-moi me dévêtir d’autant d’amertume »