Voyez ces oeuvres de chair qui foulaient la plaine Pour commettre la vie dans une ardeur malsaine Voyez ces oeuvres de chair lacérer leurs veines Pour commettre la mort dans un élan de haine
Ils voguent sur des vagues aux nuances insidieuses Écorchant leurs esprits fumants sur l'écume des rives Leurs ailes qui paraissent si majestueuses Deviennent le fardeau menant à leur dérive
Au contact des lèvres et de l'eau Les voix s'asphyxient pour neuf années d'aphasie Au contact des lèvres et de l'eau Les voix s'assoupissent, les disparus se métissent
Les eaux du silence, fiel des divinités Neuf cercles sur lesquels les dieux prêtent serment Les eaux du silence, miel des bas invités Neuf cercles où baigne la vision des déments
Ainsi est l'abîme qui châtie et enchaîne Le silence des enragés semant la haine
Car sous ce climat austère mais menacent Les sombres légions de l'espace souterrain D'un fuligineux assaut contre les vivants Voguent furieux vers le trône forgé d'airain
Bataillon anathématisé de guerriers Plongé dans les abysses des fleuves expiés S'affalant tous de leurs malveillants tombereaux Simulacres de sadisme et d'escadrons faux
Sans la chance d'étendre leurs ailes géantes Ils iront s'exiler dans des lambeaux de sang D'une race dont les infernaux se sustentent Sur les berges de l'Érèbe aux milles tourments
C'est ici le début et c'est ici la fin Sur les eaux du Styx le silence règne enfin...