Lorsque, saoul de la mer, j'aime à revoir mon île, Un vertige me vient (oh! vite retrouver L’attente qui sustente intensément mon temps!) Au souci des cités qui déciment mes sites…
«Ô tranquilles Géants, ô Mornes forestiers, Ô pâtres indolents de paisibles dodos,
Si quelques vapeurs d’ouate, encore délicates, S’y brodent, Les nobles lambrequins nimbant vos éminences S’érodent.
Sur vos crêtes à vif des colons sacrilèges Maraudent, Dans vos flancs écorchés la sarclette et la houe Taraudent.»
Sur la grève à genoux vénérant solitaire En mes versets inouïs l’antiquité des lieux, Me flagellant, je hais nos défoliants aïeux Qui mirent au bûcher la forêt centenaire.
La fougère et la songe abritaient l’orchidée Sous leur ombrelle verte à la verse incessante Et le limon spongieux se rengorgeait d’eau fraîche...
Extrait du recueil "Le feu d'Orphée" (Editions iPagination) 2016 - Prix Wilfrid Lucas 2017 décerné par la SPAF (Société des Poètes et Artistes Français)