Le funambule est concentré. Il y a là beaucoup de lignes. Il faut entendre son souffle et son cœur palpitant. C'est la trotteuse de son horloge:
Clic-clac, le reste est silence. C'est un artiste.
Le fil tremble parfois mais il y a bien une ligne Avec un début et une fin.
Il y a d'autres lignes, et d'autres directions. Le funambules angoisse, il ne sait plus sur quel pied danser. Quelle est la bonne ligne? Quelle est la direction? C'est une déchirure mentale, faut-il qu'il s’arrête?
Trop de questions, moins de concentration. L'artiste est suspendu à des choix soudains. Ne proposez jamais trop d'aventures à un artiste, sa vie ne tient qu'à un fil.
C'est un vacarme atroce qui gagne le chapiteau! Trop de bruit dans la tête de l'homme au fil, Trop de possibilités: à gauche, en haut, à droite, ici, en bas, et là aussi! L'homme perd son sang froid, et son horloge s'emballe, la trotteuse accélère:Clic-clac! Clic-clac! Clic-clac!
Stop! Il hurle!
Ses yeux s'ouvrent. Il dormait dans ce vieux grenier vide où il y a trop de lignes.
On marcherait mille ans s’il n’y avait pas de lune. Le voyageur pose son barda. La tante sera son toit.