Voyageur
C'est au petit matin que d'un pas peu confiant,
Le jeune voyageur quitte son doux foyer,
Se jette sous les cieux l'âme toute éveillée,
Et ouvre son grand cœur à d'immenses géants.
Il offre ses habits aux splendides déserts,
Enterre sous les plaines sa touchante candeur,
Il donne à l'océan, l'océan de ses peurs,
Et son plus beau sourire aux astres qui l'éclairent.
Pour la première fois il hume les nuages,
Parle avec les forêts, et embrasse la lune,
Il chante avec la neige, il rit le long des dunes,
Et s'abreuve du vent puissant près des rivages.
Il se nourrit d'envie, de rencontres et de paix,
De nonchalance inée, d'intrépides séjours,
De poésies, de chants, de désir et d'amour,
Il enflamme le monde sans même s'en soucier.
Le jeune voyageur est un enfant heureux,
C'est l'être le plus pur dont la terre est peuplée,
Il vit sans lendemains dans sa simplicité,
Et la beauté pétille au fond de ses grands yeux.
Et quand je vois de loin l'horreur des sociétés,
La peur, l'avidité, le malheur dans vos yeux,
Je cours sur les chemins, brillants de mille feux,
En hurlant "mes amis, je viens vous retrouver !".