Remerciements
Que reste-t-il de notre enfance?
Reflets d’un âge fait d’insouciance,
Quand les coureurs du tour de France
Enflammaient toutes nos vacances.
Sprinteurs, rouleurs, fins pédaleurs,
Ces virtuoses du dérailleur,
Nos parts de rêve, exaltaient.
Doux souvenirs des temps passés,
Où étonnés par leurs exploits,
Emerveillés, un rien pantois,
Nous admirions, le cœur battant,
Elfes et géants du macadam,
Qui se battaient et s’opposaient,
En courses épiques à faire rêver.
Rappelez-vous, mes chers amis,
Des fiers Bobet et Bartali,
Du beau Koblet et de Coppi,
De ce mythique luxembourgeois
Qui gambadait comme un chamois,
Sur les sommets où il planait,
Tout près des dieux qui font rêver.
Gracile éphèbe, grimpeur ailé,
Il dominait les surdoués.
Bravant l’orage, courbant les vents,
Comme le firent quelques titans,
Escaladant à vive allure,
Regard perçant, pâle figure.
Ange ou démon, j'en ai rêvé !
C’est le Giro qui l’anoblit.
Monte Bondone l’a adoubé
Les Saint-Bernard ont confirmé!
Vainqueur des Alpes sous la pluie,
Dans la Chartreuse il s’est construit.
Diable et bon dieu réconciliés,
En ces hauts lieux ont cru rêver !
Divin archange, simple coursier,
Bien des louanges l’ont affirmé,
Seul, aérien, il triomphait !
Né Italien, belge ou français,
Dix ans durant, il eût vaincu,
Mais son destin s’est effrité,
Sans équipier, faut pas rêver !
Écoutez bien et regardez,
Vous qui un jour l’avez aimé,
Du Galibier au froid Granier,
Des Dolomites aux Pyrénées,
L’adolescent, s’est envolé.
Adieu Charly, soit remercié
Toi qui ma vie, m’as fait rêver.