Dimanche on n'est pas sérieux quand on a soixante-dix-sept ans et qu'on regarde Drucker à la télévision en buvant du thé au jasmin ou qu'on s'en va sous la charmille nourrir les tourterelles revenues d'un long voyage
C'est dimanche je ne sais pas quoi faire je n'ai plus dix-sept ans depuis longtemps et je suis sérieux depuis bien trop longtemps je n'aime pas le thé et les tourterelles me regardent bizarrement
Alors j'écris des vers sans queue ni tête des vers sans rime ni raison des vers au fil de l'eau au fil du vent et de la vie qui passe des vers de mirliton pour égayer les vers de terre qui un jour me mangeront des vers de marmiton qui cuisent sans fin dans le fait-tout de mon âme
Je m'ennuie c'est dimanche J'aime bien Drucker il a cent ans il a mille ans enterré Mozart Brel Brassens et Bécaud et Johnny Et lui qui l'enterrera ? Peut-être moi mais je n'ai pas soixante-dix-sept ans
Oh Mozart sauve-moi joue avec moi joue-moi cette sonate que j'aimais tant autrefois cette sonate d'amour et de douceur qui calme les affres des coeurs abandonnés joue-moi cet air si beau que mon âme s'en est allée cueillir des tourterelles aux parfums de jasmin
Ah vivement que j'ai soixante-dix-sept ans un dentier de rentier un sonotone en automne et que je regarde Drucker à la télévision !