Comme porte de mémoire battant au vent notre vie s'ouvre et se referme Il y a peu de choses à dire heures assises jambes plantées dans le saloir du néant Que dire ? que faire ? qui croire?
La pluie peut-être rituelle immuable Son cercle bleue inscrit dans la nuit des libellules fugaces à nos semelles
On ose une réponse un sourire un je t'aime furtif quelques mots d'amour Un peu de chair sur de la joie un peu de sang qui palpite une âme éparse dans la neige nous allons sans savoir
Le vent tiède à la dérobée du soir nous accompagne un instant le temps d'une prière Le temps d'un amour la vie est un joyau qui brille un instant de grâce
Mais le bruit de la pluie répétitif nous rappelle à nos demeures de silence Seules claquent les portes Nous allons sans but dans nos manteaux de modeste solitude
Les morts d'hier respirent encore en nous leur souffle nous étourdit leur souffle nous grise de la vie qui passe
Nous voudrions fuir quitter ce corps de chair et de pluie mêlées oublier le peu de joie qui demeure en nous
Les morts d'hier nous sourient les morts nous ouvrent leurs mains éventrées et nous attendent Avidité exécrable de la mort qui prend la vie au tournant des demeures du silence
Il y a peu de choses à dire heures assises jambes plantées dans le saloir du néant L'allégresse nous figera dans le mystère étonnamment lisse de la mort où ruisselle le temps