Quand la nuit affamée dévore la campagne Qui se terre apeurée sous le halot fumeux De la lune malade. Quand le silence gagne Les hameaux endormis et les vallons brumeux
L’âme prend son essor comme un oiseau de nuit Elle déploie ses ailes fragiles et sans un bruit S’élance dans les cieux noirs vers un pays lointain Où brille un soleil rouge qui jamais ne s’éteint.
Rêveur prends garde à toi car dans ce long voyage Beaucoup se sont perdus trompés par un mirage Alors qu’ils survolaient la mer du désespoir Ils ont plongé tout droit dans les gouffres si noirs
Prends garde à toi rêveur ! Ignore les sirènes Si belles et émouvantes quand elles chantent leur peine Car elles ont de la femme l’enivrante beauté Mais leurs cœurs sont d’acier tout plein de cruauté
Beaucoup se sont perdus trompés par un mirage D’autres trop épuisés pour finir le voyage Durent l’abandonner parfois tout près du but Et parfois encore loin ils cessèrent la lutte
Mais si ton âme est forte et tes ailes puissantes Tu atteindras un jour le pays de tes rêves Le vent y est si doux et l’herbe frémissante Le soleil est si chaud et la nuit est si brève
Ami le jour venu n’oublie pas le rêveur Qui te montra la route vers ce pays lointain Où brille un soleil rouge qui jamais ne s’éteint Car mes ailes ont brûlé et mon âme est en pleurs.