C’était écrit ce matin Quelques lignes dans le journal C’était écrit ce matin Quelques mots ni plus ni moins Noir sur blanc dans le journal Dans un coin des faits divers Noir sur blanc dans le journal Au premier jour de cet hiver
J'avais croisé son doux regard Fixe et lointain d'un bleu passé J'avais perçu dans ce regard Un homme fini triste et brisé Il émanait tant de douceur De ce visage déjà vieilli Quel lourd secret caché en lui Pouvaient le faire souffrir ainsi
Il marchait seul un peu hagard Plongé au fond de souvenirs Il marchait seul et au hasard Dans cette rue sans avenir Épaules voûtées il avançait Les yeux posés droit devant lui Il avait mal ça se voyait Portant sa peine sans faire de bruit
J'avais fixé sans le vouloir Comme attiré par son malheur Mais il marchait sans même me voir Seul compagnon de sa douleur Je me souviens de ce moment De cette envie de lui parler Je me souviens même maintenant De le croiser sans m’arrêter
Apercevoir une telle souffrance Et la frôler sans même agir Laisser cet homme à son errance Le regarder sans réagir Ne pas chercher un mot à dire S’imaginer ne pas le voir Ne pas oser un seul sourire L’abandonner au désespoir
Il faisait froid je suis rentré Vers la chaleur de mon foyer Vague regret brève pensée Pauvre égoïsme vite oublié Je suis rentré je n'ai rien dit Mais j'ai gardé comme un secret Cette rencontre pleine de douleur Preuve de ma propre lâcheté
Est-ce la crainte que sa détresse Ne vienne soudain remplir ma vie Est-ce la peur de voir sa peine entrer Chez moi en fleur flétrie Hier hélas je ne savais