Ce mot était inconnu. Inconnu de ceux qui déjà s’étaient gonflés d’encre puis répandus sur tous les parchemins. Sa sonorité semblait celle d’un essaim d’e muets. Il n’avait jusqu’alors été fil d’aucun discours, d’aucune pensée, et son inexistence n’avait jusqu’à présent effiloché aucun texte.
Était-il nom, ou verbe, ou n’avait-il pas encore choisi entre nom suspendu dans le vide sémantique et verbe encore à l’infinitif ?
Sourd à toute apostrophe, rebelle à toute ponctuation, insoumis au grand ordre alphabétique, allergique aux marches forcées des alexandrins, inapte même à s’enrôler dans la moindre phrase (même la plus licencieuse quant à la grammaire), il restait là, au milieu d’un silence gêné, quêtant le sens de sa vie.