J'aime à me promener le matin dans les champs À l'heure où les oiseaux lancent gaiement leurs chants, Quand, de son doux repos, la Nature s'éveille, Ce que j'entends et vois, chaque fois, m'émerveille.
Et le vent m'apportant les clameurs du bétail M'apprend que les fermiers, déjà, sont au travail ; Non, vraiment, il n'est pas de plus beau paysage Que le proche horizon des toits de mon village.
Oh ! que j'aime, mon Dieu, sentir la bonne odeur Qu'exhalent les sillons faits par le laboureur Dont la soc a tracé des vagues immobiles En déchirant les chairs de nos glèbes fertiles.
Mais s'il la blesse un peu, c'est pour l'ensemencer Et quand viendra l'été, tout va recommencer : Ce sera la moisson et le foin dans la grange... Oh ! grand merci, Monsieur, c'est grâce à vous qu'on mange.
Bien sûr que ce travail n'est plus celui d'avant, Mais, vous pouvez me croire, il l'aime tout autant Même si la machine a remplacé l'araire ; Bien souvent, je l'ai vu prendre en main de la terre,
Comme fit son grand-père, et son père autrefois, Il la laisse glisser, couler entre ses doigts, Et par ce simple geste, il revit leur histoire Car il est Paysan : c'est son titre de gloire.