Héloise
Les dieux sont contrariés le temps est à l’orage,
La fête a commencé dans ma tête je voyage,
Danse sage Héloïse, danse l’amour du vin,
Ce soir tu seras mienne, quitte ton échevin
Pour me rejoindre enfin modeste troubadour,
Qui n’suit qu’un crève la faim, mais pour toi meure d’amour,
J’ai mis dans ma charrette romances et pastourelles,
Et ma muse est féconde en ces temps de gabelle,
Le vers et la césure sont mes armes de guerre,
Je ne me battrai point comme le faisait naguère
Tous les preux chevaliers, la rime est ma seule arme,
Qui peux faire couler sur ta joue quelques larmes,
Danse douce Héloïse, danse l’amour du vin,
Ce soir tu seras mienne, quitte ton échevin,
En écoutant ces mots la belle fut conquise,
Et se dit qu’elle allait passer des heures exquises,
Alors n’y tenant plus, et s’armant de courage,
La Dame s’en alla rejoindre l’attelage,
Émerveillée de tant, de bonheur de douceur,
Tout en sachant déjà qu’elle trouvait l’âme sœur,
Danse mon troubadour, danse l’amour du Vin,
Tu as ravi mon cœur, je quitte l’échevin,
Dès ton premier regard j’ai prié Notre-Dame,
Ce soir je serai tienne tout dévoué à ton âme,
Dans les lignes de la main j’ai vu des lendemains,
En marchant on se doit d’inventer le chemin,
Il sera long sinueux, c’est notre destinée,
Le tocsin sonne au loin, nous sommes condamnés
A quitter le pays, je les entends marcher
Sur le pont du château il faut nous dépêcher,
Alors n’y tenant plus, ils partirent pour Cythère,
Heureux et soulagés de quitter cette terre.