L’Armor Blues
J’entends la cornemuse qui sonne pour les marins,
Une sorte de blues pour tous ceux qui sont loin,
Lorsque le jour se meurt le matelot s’endort,
Au bar de chez Simone cherchant le réconfort,
En rêvant dans sa bulle qu’il voit » Madame Dupont,
Prise dans ses filets au bout de son harpon »,
Déjà petit enfant faire des jeux dans la vague,
Ensuite adolescent partir avec les dragues,
Coup de tête s’engager, avoir du vague à l’âme,
Sous ce morne horizon entre tempêtes et lames,
Sentir le vent gémir sur la blanche rivière,
Souffle géant rentrant jusqu’au fond de la mer,
Refaire la belle histoire de la langue bretonne,
Le sens obligatoire pour tous les autochtones,
Voilà l’itinéraire d’un enfant peu gâté,
Qui vogue sur les flots et voudrait t’épater,
Crier terre terre, enlever ton jupon,
Et puis ne plus m’en faire comme de colin-tampon,
Puisque le capitaine est le seul maître à bord,
Nom d’une pipe je t’emmène sur le « copain d’abord »,
Allons ma belle amie, filons vite à l’anglaise,
Pour apprendre à danser enfin la paimpolaise,
Entrons dans la lumière de mon catamaran,
Rallumer les étoiles au gré de ce bon vent,
Là tu verras tellement, de bleu sur l’océan,
Que tu t’y sentiras le maître de céans,
C’est un rêve d’enfant, faire une croisière d’un an,
Après rien ne sera, plus du tout comme avant,
Je sais que les marins recherchent un sémaphore,
Ma bouée de sauvetage est de t’aimer très fort,
Pour ne plus ressentir le mal de l’Armor Blues,
Sache que c’est la mer que tous deux on épouse,
Souffle géant venant du fond de l’estuaire,
Qui vient briser les roches et rochers de sorcière,
Mais s’en vient caresser le sable à marée basse,
D’une infinie douceur et avec tant d’audace,
J’entends la cornemuse qui sonne pour les marins,
Une sorte de blues pour tous ceux qui sont loin,
Le marin dans sa bulle pense aux amours d’un jour,
En s’disant que demain sans doute il fera jour,
Puis accoudé au bar, le matelot s’endort,
Près du chat qui ronronne cherchant le réconfort.