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Pierre HESBERT

JE M’A PPEL AIS BIGLEY 15 10 2004

Depuis vingt trois nuits
Je suis objet de troc
Mon pays, symbole financier,
Outrage le monde.
A présent, il ne s’agit plus d’argent,
Mais, étrangement, de vie :
La mienne contre vingt trois autres !
Le cow-boy qui régente la planète,
Doit clamer à qui veut l’entendre
Qu’il me sauvera, mais a tranché :
Leur proposition est inadmissible.
Ce jeudi je déguste la nuit.
Je me suis enorgueilli
Du don de moi au monde.
J’aurais voulu aider encore ce pays.
Je songe à l’histoire de Jésus.
Qui aime encore les désintéressés ?
La température est très douce,
Le ciel est troupeau d’étoiles.
Je cueille naïvement celle du berger,
Qui amène toujours à la raison..
Le désert est devenu calme.
Mes pulsations sont normales.
Les chasseurs ne font plus hurler la bête.
Ce soir je tête l’ultime cigarette,
Mes soixante deux ans à la fête.
Je savoure les bouffées âcres
Du mégot qui brûle mes doigts.
Le type au sabre est patient.
J’existe en un autre temps,
Depuis trois petites minutes,
Avec une cigarette américaine.
Je ne sais pas bien qui pardonner.
Je m’appelle Bigley,
Prénom: Kenneth.
On me fera héros, et sans doute,
Là-bas, des funérailles nationales.