Je vis par procuration 1
Je vis par procuration,
D’expédients, en sous-location.
Dans des supermarchés d’occasion,
De banales petites illusions,
J’espère que la beauté,
Me sauvera de la cécité.
J’ai acheté ma mort à crédit,
Semé mes pissenlits,
Pour être bien certain,
De faire mentir le refrain.
Je cherche plutôt la compagnie
D’un troupeau de nuages gris,
Que celle des foules bronzantes,
Obligées des cinq heures trente
Par les agences de voyage
En mal de mondialisation.
Je vis par procuration,
Cueillant des nouvelles rafraîchies
Des périples de mes amis.
Je me demande souvent
Si ma vie de voyageur absent,
Du temps fait partie.
La nouvelle, j’ai appris.
Quelqu’inconnue en mission
M’a fait signer une procuration.
Elle m’a donné de vivre, la faculté,
Un certain jour, en certaine cité.
Sans cette signature,
Point d’aventure !
Nous vivons par procuration,
Sans savoir, en semi-liberté,
Que nous avons signé
Pour l’invisible permission.
On peut, bien sûr, simuler
La vie, sans se la procurer.
Quelque soit son boniment,
Un procureur bienveillant,
A réclamé au jury
Des étoiles et du vent,
Nos existences flétries.
Nos consciences averties,
Ne se rebellent point.
Elles suivent leurs chemins.
Certains se procurent un passeport
Pour franchir d’invisibles murs
Qui les enferment, comme morts,
Pour s’aller flairer l’air pur.
Ces passeports sont sans tampon,
On peut les signer de son nom.