La poésie se fait souffrante, Quand la vie est impuissante. Il suffit de perdre sa mémoire, Sans vraiment y croire. Autour ses enfants s’affolent, Devant les absences d’un vieux fol. Tout échange raisonné, A l’échec, est voué. Le vieux père ne comprend pas Qu’on veuille le tirer de ce mauvais pas. Il croit qu’on veut le détrousser, Quand il croit, sa raison, avoir conservée. Il engloutit sa maigre retraite Dans de réguliers apéritifs traîtres. A quatre vingt ans poussifs, Il se prend pour un khalife, Et signe de nombreux chèques A un croqueuse de vieux mecs. Il se fout de ce qui adviendra, Et se voit dans de beaux draps. Ça fait mal, et ça meurtrit, Ce rempart, ce mur d’oublis. Il claque sa vie et son fric, Cultivant son postulat égotique, S’en fout de transmettre aux enfants, Ce qu’il a reçu de ses parents. Le vieil amoureux se fait plumer Par une nymphe de calendrier.