Les arbres échangent leurs oiseaux. Ce sont souvent de minuscules moineaux, Piaillant les nouvelles de la rue Aux vieux qui n’entendent plus, Ou bien de délicats rouge gorge, Parlant de jolis sucres d’orge Que les enfants gourmands lèchent A coups de langue goulue, tête-bêche. Le chêne fluet du carrefour A senti atterrir un énorme vautour. Pourtant ce n’est pas dans son coin Que perchent de tels sagouins. Il en est tellement éberlué, Qu’à la colombe il a confié Cette nouveauté, comme un secret. La bavarde s’en fut le raconter, Derechef, à un pigeon ramier, Lequel a oublié de le narrer A la couvée du peuplier. Le peuplier de la rivière fut étonné D’entendre le cri d’agonie d’un ramier. Il avisa un pigeon voyageur, Pour porter le message de malheur, Arrivé au jeune innocent, Au chêne rouge pubescent. Aussitôt le rouvre organise La résistance insoumise. Arrivent à tire d’ailes, Pies, mésanges et crécerelles. Il les charge d’avertir les hôtes Des futaies et taillis, de l’holocauste. Les arbres échangent leurs oiseaux, Qui rédigent, au matin, leurs journaux. Le vautour est exclu de la rédaction, Par les oiseaux du conseil d’administration.