Au coin de ma p’tite rue, Il y a un minuscule mot croisé. Il y a aussi des chiens Qui s’impatientent, Quand leurs maîtresses Ont égaré leur adresse. Heureusement je croise, Au coin de ma p’tite rue, Mon vieux mot croisé. Il a l’âge de l’artère, Celui des pièces raccommodées, Blanches, et noires, Grises bitumées. Mon vieux mot croisé, Que j’croise au coin de ma p’tite rue, C’est ma façon de causer. Certains matins, mes souliers Impriment des mots comme un manche. Certains dimanches, mes yeux Découvrent le pêché du curé. Certains soirs de semaine, Mes yeux, y lisent, Les mots qui racolent Ce qu’ y a sous les jupes des gonzesses. Les midis, la case du bord du trottoir Siffle gentiment le vélo de la factrice Qui me porte ma ration de mots papier.