Échappé du zoo collectif et même invité au dernier bal en ville début novembre fin d’après midi le poète donne rendez-vous dans un jardin public où il peut se remuer sans gêner les passants dans cet espace vide d’éléments humains où il peut grimer ses scories Les heures s’égrènent sur les bancs ensoleillés où il patiente sans sentir l’été maintenant qu’il a fui les collines en plastique pour trouver un havre de paix loin de tous les regards loin de tout en vérité A demi mot il invente tout les ailes du corbeau la carapace du tatou réunies sur ce même banc à regarder passer le temps Et ce n’est ni une incantation ni une ligne de fourmis qu’il attend ce soir c’est le vainqueur d’un jeu où il n’y a pas de vainqueur ni de règlement mais à sept heures et dix minutes il invente encore et se rend compte que tout existe déjà La première phrase se tient à l’écart d’un objectif révolutionnaire la deuxième englobe l’époque dans laquelle il vit mais il ne sait absolument pas pourquoi. Il n’invente rien de plus qu’une croyance Il peut voir le monde tel qu’il est La jeune fille veut faire du skate en tenant son appareil photographique jetable Elle passe par la case lycée et ne redouble pas Ses rampes sont folles comme un ballet de sauvages et la font glisser sur les genoux du garçon G Lui souffre de mal patiner Sa planche refuse de se livrer, pas un bruit de patin alors il préfère grandir dans le silence mais se demande quand il embrassera la fille F qui vient de glisser de ses genoux sans un regard C’est le monde tel qu’il est C’est un reflet Le poète t’a vue lécher ses pieds et n’a pas osé passer la porte d’entrée