J'écris la fin de mon chapitre. Dehors, la pluie cingle les vitres. J'écris ce que je ne sais plus. C'est à lire et je n'ai pas lu. Le vent disperse les récits. Le miroir écorche ma vie. J'écris la douleur et la peine, L'amour, le bonheur, les fredaines. Le monde occupe mes pensées En réponse aux faits du passé. Ce qui me semble vérité (Peut-on vraiment en attester ?) Rougit la page du carnet. J'écris des vers, lais et sonnets. Dehors, la nuit vole mes songes. Tout est noirceur, tout est mensonge. Fuir, s'échapper au quotidien Requiert l'effort de l'écrivain. Je dois comprendre l'incompris Brisant le silence d'un cri. Je dois l'aimer pour ce qu'il est, Le défendre pour ce qu'il fait.
J'écris la fin de mon ouvrage. Dehors, le temps tourne à l'orage. Être calme n'est qu'apparence Quand notre monde est en errance. J'écris ce qui ne paraît pas. C'est un devoir, c'est un combat. Dans mon lit, le soir et la nuit, Les vers défilent à l'envi. (Florilège sans prétention Noirci de rage et d'illusions). J'écris la honte et le courage, Les sentiments pris en otage, La vie, la mort et les outrages, Des mots en guise de message. Dehors, le jour peine à venir. Je m'informe du devenir De ce qui peut être et n'est pas, De tous ces hauts, de tous ces bas. J'écris le vent, l'eau, la nature, La relation d'une imposture.
Puis tout s'efface et disparaît: Les révélations, les secrets, Les confessions et les regrets, Les souvenirs sans intérêt. Le sommeil gagne du terrain . Mes yeux piquent; je lutte en vain. Morphée m'enlace dans ses bras. Je suis ici, je suis là-bas, Entre le sage et l'innocent. Puis je m'endors comme un enfant.