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Pierre-Michel LAQUIÈVRE

Gaia, la colombe

La pierre a pris les armes
Et ronge le mur.
Le sang étrangle notre peur.
Tout vacille et se défait.
(Rumeurs farouches, évanescentes)
La foule écrit sa joie
Et clame son histoire.
Le feu montre son pouvoir.
Tout devient simple et beau.
(Comme un rêve effacé)
Et pourtant...
Gaia expire; Gaia se meurt.

Chacun marche pour la paix
Quand l'eau devient vermeille.
Cœur étranglé de barbelés,
Les mains se ferment.
(Comme on pleure l'injustice)
Le monde écoute et se tait.
La rose éteint ses pétales.
La nuit dévore ses étoiles.
Rouge est la lune.
(Comme un glaive émoussé)
Tout semble endormi
Et pourtant...
Gaia expire; Gaia se meurt.

Le crépuscule est douloureux.
Noire est la honte
Quand tout devient poussière
Au sable du désert.
(Triste, le chant de l'affamé)
La Terre entraîne ses cadavres,
Du fils assassiné à l'ombre décharnée.
Les vents soulèvent la haine
Et tuent les indigents.
(Sage est l'enfant qui dort)
Et pourtant...
Gaia expire; Gaia se meurt.

La foule étonnée courbe l'échine.
La vague emporte l'esprit,
(Longue agonie du cormoran)
Le golfe est noir, bitume d'angoisse.
Sous le regard du dictateur,
L'enfant s'endort, rose des sables mourant.
(Comme un reste d'humanité)
Libre est la main qui tue
Le souffle de la colombe.
Sans espoir,
Gaia expire; Gaia est morte.