Des corps nus regardent l'impossible. Corps fripés de brins entrelacés. Étoffes lacérées d'émouvantes griffes. Corps de tissu fade, Sans cœur, sans respiration, Sans souffle, sans raison.
Des corps nus regardent l'impossible. Étrange attitude de douleur. Inextricable enchevêtrement de masses, De poitrines défoncées à la chair chiffonnée. Existences nulles, décapitées. Matière inerte, sans rayonnement, Comme une aberration du temps.
Des corps nus regardent l'impossible. Le dos tourné à la misère du présent, Le torse ondulé, Le ventre sillonné de cicatrices bleues, Sans membres, sans ombre, sans idées. Rien que des corps meurtris Achevant sur place une existence imaginaire. Rien que des cadavres engloutis dans l'océan des nuits. Suprême effort avant le saut final Vers l'indescriptible et l'inconcevable, Vers l'ultime vérité, au-delà du savoir, Vers la lumière éternelle.