Il suffit d'écouter les couleurs Et l'artiste en son âme Peint le regard du ciel Ennuagé de syllabes La fleur effarouchée Fuyant l'ombre de l'été Le corps éthéré d'une muse Au masque de fortune
Laissons voguer l'œuvre Au gré du souffle critique
Il suffit de voir la mélodie Et l'artiste en sa foi Sculpte le marbre de sa vie Entaché du sang grenade La stèle piège à sentiment Errant de galerie en galerie Le portrait d'une réalité Qu'on aurait assassinée
Laissons crier l'œuvre Dans la foule hystérique
Il suffit de toucher la lune Et l'artiste par son génie Caresse la toile blanche À l'instant vierge encore La palette arc-en-ciel Rehaussée d'or et d'argent Le tableau crève-cœur Abandonné dans l'atelier
Laissons pleurer l'œuvre Dans son écrin musée
Il suffit de goûter les parfums Et l'artiste avec amour Réalise la chimère insensée Née du génie de son âme L'objet vidéo d'une guerre Où la beauté n'existe plus L'installation mentale D'un fantasme inassouvi
Laissons chanter l'œuvre Face au mur désincarné
Il suffit de sentir le miel Et l'artiste sans remords Contemple la peinture testament Pendue à la fragile cimaise La forme sculptée d'un tombeau En présence du merveilleux La foule hypnotisée perdue Dans les méandres du savoir