❮
Retour à l’accueil
de Poésie Française
Nos autres univers :
Les Grands Classiques
Espace personnel
S'inscrire
Se connecter
Adresse mail/Nom d'utilisateur
Mot de passe
Mot de passe oublié
Tous les auteurs
Poème au hasard
Vos
poèmes
Poésie Française : 1
er
site français de poésie
Tous les auteurs
Poème au hasard
Vos Poèmes
Tous les auteurs
Pierre Richard Prophete
Le récit de la traversée
Partager
Ecrire
à l’auteur
Offrir
ce poème
Signaler
Imprimer
Pierre Richard Prophete
Le récit de la traversée
Victimes de l'insouciance,
Nous ressemblons aux juifs errants.
Devons-nous, perdant patience,
Nous comporter en conquérants?
Ce sombre matin, sous la pluie
Dont les gouttes semblent des pleurs,
Deux braves noirs, comme la suie,
Vont s'infliger d'autres douleurs.
Mon frère et moi, nous faisons voile,
Sans boussole et vers l'inconnu.
Le ciel est gris ! pas une étoile !
Dieu seul sait ce que dit l'ONU !
La houle descend et remonte.
Le vent rugit sans se calmer.
La faim nous jette dans la honte.
Les gardes-côtes vont filmer.
Nous serons livrés à la presse
Si nous atteignons Miami.
Et si la barque est en détresse
Nous aurons Dieu pour seul ami.
Un vent furieux nous fouette
Changeant la pluie en martinet.
Nous avons la bouche muette;
Le ciel ouvre son robinet.
Les voiles finalement cèdent
Rien ne paraît à l'horizon.
Seigneur, que tes anges nous aident !
Pardonne-nous la déraison.
Sommes-nous jetés dans l'abîme ?
Avons-nous quitté l'univers ?
L'abandon, peut-il être un crime
Qui nous poursuit jusqu'aux enfers?
Ce frêle esquif à la dérive,
Les avirons inopérants,
Nous foulerons aucune rive
Avec la houle et les courants.
Voilà ! Mon frère aîné, lui, pleure
Il ne voit plus rien que la mort.
Il dit qu'il vendit sa demeure
Hallucinant un meilleur sort.
J'ai défendu le droit des autres.
On m'a déclaré hors-la-loi
Comme le fit Rome aux apôtres.
Fuir est châtiment pour moi.
Laissons agir la Providence !
Fermons les yeux pour un instant!
Promettons lui la repentance
Le Seigneur nous aime pourtant.
Nos yeux clos trouvant l'inertie,
Oubliant leur profond sommeil,
S'ouvrent aux cieux qu'on remercie
Car, enfin, voici le soleil !
Ainsi finit la traversée!
Sur la côte des Bahamas.
Une nation dispersée
Ne verra plus ses fils, hélas.