1. " La rose blanche et l'olivier", Prolégomènes 1/2
En cette année terrible où le peuple bancal
S’est vu précipité dans l’ombre de Tantale
Moi, de nom Théophile et de prénom Pétra,
J’implore Celui, qui par l’Amour et la Joie
Fait chuchoter Clio et vibrer Melponème,
Et rythmer Calliope et danser les phonèmes,
De me verser la force en mêlant ses trois sœurs,
Pour que s’étende, enfin, sous mon art et labeur,
La réconciliation de ces peuples antiques,
Aux frondaisons puissantes, aux oliviers mythiques,
Surpassant, de son nom, la divine Sinaï.
Toi qui de Samarkand, Ali ibn-Sina,
Aux plaines d’Ispahan a fuit l’atrocité
Et le joug d’un tyran; toi qui à ton procès,
Mon Socrate amoureux, jamais ne se renia;
Et vous les Stoïciens, dont l’école athénienne
Ombragée, du portique, est devenue mienne;
Et toi, mon doux Platon, toi qui fus et seras
Le phare des éphèbes; vous tous: Anaxagore,
Parménide, Héraclite et le sage aux vers d’or;
Et toi le tisserand* sans lance ni épée
Qui rejeta folie sur ton Karma hissé !
Et toi, pieux voyageur piétiné par le fer,
Jehuda Halévi, l’amant de l’univers;
Et vous mes bons mécènes; vous, mes tendres Septante;
Et vous, hommes de loi, calife aux mille tentes,
Ecoutez la sagesse et la Paix et l’Amour
De ces calligraphies révérées pour toujours,
Car de tout l’univers bientôt sera connu
Le trésor infini de ces visages élus,
Qui, tels de grands soufis dans l’éternel jardin,
Se sont émerveillé des couleurs et parfums,
Faisant naître justice avec intelligence,
Et comme trait d’union ont imposé Science
A l’âge féodal, aux terres inconstantes,
Pour que renaisse enfin la belle Astrée brillante.
Heureux ces hommes-là qui côtoient et le père
Et le fils et l’esprit d’un regard bien peu fier.
Car ils n’ont admiré les filles de la nuit,
Ces amarres de l’âme au goût d’amère pluie,
Qu’à travers un poète, Hésiode le premier,
Dont les joyeux travaux nous ont tous enflammés.
Heureux Al-Bîrûnî, l’immense Al-Farabi,
Le pieux Al-Ferdowsi, l'amoureux Shirâzi
Et ibn-Battûta ainsi que Jubayr,
De D.ieu grands serviteurs et amis des émirs.
Heureux ceux dont l’esprit par l’amour éclairé,
Tels des lys rayonnant sous les cimes comblées,
Font résonner l’airain de leurs douces trompettes,
Pour annoncer la joie: non l’ultime tempête.