Présomptions
J’imagine que, derrière l’esprit, on trouve
Les vers indolents de l’austère qui me prouvent
Qu’une ivresse aride, continue, épure encore
Sous l’averse folle, le doux jugement retors.
Les dieux posent sur moi ce regard hypocrite
O muse infidèle, recrache ma lettre écrite !
Mes sourires maladifs, malsains, n’ont de cesse
De se taire, la lueur sale, à toute vitesse
J’imagine que, derrière les mots, on trouve
Le mensonge inévitable que tous nous couvent
Ces œufs d’or, ces pierreries d’ombre et de lumière
D’un silence obscène couvrent bras et colères.
Dissimule, encore ! maudit Poète, verbe las
La pureté des visions, la mort, le trépas
Quand l’orgueil des plumes, les sangs d’une encre stupide
Répandent aveuglément l’ignominie livide.
J’imagine encore, derrière l’âme, la Louve !
Gardienne impassible, bête née d’entre les douves
Féodales et bestiales, d’où jaillissent pieux
Dards et pics ; guerre humaine, absurde, dont rient les dieu
La Passion rejette encor le stratège utile
La Raison, Athéna, guerrière d’art futile
Rebrousse chemin ; Arès s’en mêle, infernal
Et guerroie, lance au ciel, d’un geste machinal
Si l’Olympe insiste, opiniâtre, nous devrions
Sans remords, jolie fée, tourmenter nos soupçons
Et le masque arraché, de s’envoler enfin
Quand l’instant d’un baiser abolit nos destins !