L' âme d' un naufragé errait à Saint-Lazare. Poséïdon bien sûr, mais Bacchus avant tout Il avait pour seuls maîtres, et le montrait partout, Marchant à contresens et ne sachant que boire.
Or il advint qu' une fois, lassé des louvoiements, Le saint métallurgique posa cette âme errante Sur un rail bien droit, un autre de bonne pente, Qui filaient comme on pique vers le recommencement.
L' âme ayant bien cuvé en fut saisi d' émoi, Pris cela pour bonheur, voulut bien le fêter; Tout en disant: "Pour l' heure, il vaut mieux s' en passer." Mais la Nature est forte et les Dieux laissent le choix.
Voilà le naufragé qui tout à coup s' élance Comme ces autophages quand les derniers bars ferment Vers son dernier naufrage, cette fois sur la terre ferme, Se croyant soulagé, et gonflé d' assurance.
En un seul jour hélas, de vivre il dépérit Et les Dieux de guerre las décidèrent à raison Qu' il n' aurait plus ni femme, ni souffle, ni maison, Et que jusque de l' âme ne resterait nenni.
Et je laisse à chacun le choix de sa morale Et d' être en la boisson plutôt contre ou bien pour, Mais comme en tout amour, le bon choix est crucial.