Ils sont plusieurs dizaines à arpenter les rues Lorsque le crépuscule pointe à l'horizon Je les distingue à peine, ombre aux contours ténus Ils me semblent irréels tâches sur le goudron
L'un des spectres fuyant le froid presse le pas Son souffle chaud et saccadé s'épuise vite Et il tremble dans ses habits semblant des draps Dans ses haillons rongés par les rats et les mites
Il avance. Ses pieds nus tachent de sang les trottoirs mortels Il vacille. Il souffre de n'avoir nul endroit où dormir Il trébuche. Il souffre, car on a noyé son avenir Il tombe. Il voudrait crier pleurer supplier le Ciel...
Mais il y a longtemps qu'il a perdu la voix Longtemps qu'il n'est plus homme, longtemps qu'il n'est Le résultat d'un drame ignoré qui se voit Un orphelin des rues, veilleur du macadam.
Et il veille en silence sur cet îlot sonore Qui l'isole du reste de l'Univers des cris Ô toi qui est mon frère, par ces mots je t'honore Et je veux graver ton souvenir dans mes écrits !