Assis sur le quai du métro parisien J'observe les visages, en face des badauds Ils rentrent du travail, leur trajet quotidien Harassés, les yeux éteints comme des robots. Il y a des cadres costumés, occupés Sur leurs smartphones, des couples de retraités, Un groupe d'enfant gâté qui parle trop fort... Le reste est une masse uniforme et blasée. En les voyant ainsi, j'ai envie d'éclater De rire, il me semble qu'ils composent un triste décor ; Trop sérieux, ils paraissent écrasés de soucis On dirait que leur vie est un poids mort subit... Moi je suis en face, seul, sur le quai désert Je me marre et je les regarde avec mon air Hilare, "Encore un jeune défoncé à l'herbe Et qui n'ira nulle part !", dit leur regard acerbe. Rien n'est vrai dans tout ça, il n'y a que des façades Sur le quai assis là, je perçois leur jeu fade ; Ils se donnent en spectacle pour vivre aisément Dans cette société, sans profiter vraiment Du temps présent, dans leur danse ils s'enlisent Et sur leur destin ils croient avoir une emprise Mais sont déterminés par l'environnement : Quand leur rôle se termine ils partent en regrettant. Et moi je suis hagard, aviné mais lucide J'en ai marre je crois de voir tous ces rouages A leur vue ça me fait comme un effet acide J'ai peur d'entrer plus tard dans le vaste engrenage.