Le soleil... Le soleil inlassable de ces contrées vierges Me frappe et martèle mon front depuis toujours Mes doigts agrippent le sable chaud, et je souffre Le souffle brûlant de cette Afrique me crève
Je suis humain, je crois, ma tête me fait mal Mes idées se mélangent, je suis humain je crois Mais je n'ai jamais connu que ce maudit sable Ô village que j'aime, donne-moi à boire
De l'eau, de l'eau... La pluie est le bienfait qui rend belle ma vie Quel plaisir de voir ces crevasses rouges, humides ! Quelle joie ! La vie tombe des cieux blancs d'Afrique Et les femmes récoltent la manne bénie Puis les jours filent sans pluie sans eau sans orage Et les miens attendent, sans vivre, sans relâche Que le ciel se déchire et je hais ce bleu mort Qui gangrène mes pairs, qui torture ces hommes !
Faim... La faim me tenaille le ventre je veux vivre Mais nous manquons de vivres pour nourrir mon peuple Pour être rassasié je suis encore trop jeune Je jeûne : les guerriers sont les premiers servis
Cela fait plusieurs mois... Je rampe, je rampe toujours... Je rampe sur le sable mon front me fait mal Le soleil inlassable me perce le crâne Je suis homme je crois, ma peau est assoiffée Mes larmes sont gravier mes pensées sont noyées
Regard vague dans le vide, vision floue Soleil nargue sans répit et puis me tue Pour survivre au désert il faut devenir fou ! Misère née, j'ai toujours su : je suis foutu.
Ce chant régulier des vagues sur le sable A noyé mes projets dans son silence ingrat Dieu n'est pas digne, ce n'est qu'un incapable Je suis orphelin, une ombre noire en bas.
Il m'a laissé le monde à supporter pour lui Et cette terre sèche pour seul sarcophage. Pour me relever en appréciant l'orage Je dois mordre la poussière et prier la pluie