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Raymond GRISON

Comme les feuilles d'automne

Quand la bise soudainement surgit,
Cet amoncellement de feuilles flétries,
Ces arbres aux larmes de pétales jaunis,
Ces couleurs témoignent que l'été est fini.

Le vent transporte ces vestiges de la vie,
Cahotants bruyamment sur le sol des parvis.
Prises dans ses tourbillons, sporadiques sursis,
Elles se meurent, contre les obstacles, transies.

Leurs limbes qui à la belle saison ont verdis
Du bourgeon éclaté, à l'élégance hardie.
Elles étaient les poumons qui soutenaient la vie,
Et se trouvent à jamais au plus bas réparties.

Le balai achèvera leur épisodique agonie,
Elles rejoindront le compost, finiront moisies.
Quelle destinée fatale pour la beauté chérie!
Hélas! Il en est de même pour nous, pauvres amis.

Autrefois fièrement cueillies, d'une main attendrie,
Par l'enfant qui les agitait et les trouvait jolies.
Dans ce décor pimpant, il en oubliait l'ennui.
Elles donnaient à l'espace un relief infini.

Bercées devant la Lune, astre de la nuit,
Comme des esprits elles inquiétaient les petits.
Mais au lendemain où les frayeurs s'oublient,
Leurs silhouettes gracieuses les auraient séduits.

Chacun sur Terre aux différents stades de sa vie
A sa jeunesse, son charme, attire la sympathie,
Puis à l'automne, vieillissant, se retrouve affaibli
Pour finir ridé, usé, courbé, solitaire et aigri.

Inexorablement l'humain, comme la plante, ainsi,
Redonne vie par l'enfant qui dès son premier cri,
Se réclame du printemps, bourgeonne et embellit,
Et à son tour, comme une pousse transmet la vie.