Quand sur l’eau paisible du lac S’étend la brume, l’air sature, L’humidité gagne, les corps craquent, Les articulations grincent, mugit l’ossature.
Matins frais, tamisés par ce léger voile, Flottant comme un nuage descendu trop bas, Que le ciel aurait chassé de dessous les étoiles, Même sa soeur l’eau ne l’accueillerait pas.
Elle erre tel un spectre glissant sur l’étang, Frappe à l’orée du bois, interrogeant si quelquefois Il pourrait lui accorder l’hospitalité qu’elle attend, Mais lui comme les autres ne l’accepte pas.
Alors elle se marie à l’air son seul refuge, Moutonneuse et opaque, elle devient claire, Au lever du soleil, peu a peu se diffuse Jusqu’à disparaître lorsque l’astre éclaire.
Ainsi la vie est brève, n’est qu’une brume, Qui l’espace d’un instant erre sur la Terre, Puis se mélange aux autres ou aux unes, Et s’évapore au bout de sa course éphémère.