L'alpiniste
Ô toi qui cours au-dessus des précipices !
Cet exploit vaut t'il de ta vie le sacrifice ?
Même si la peur t'est toujours inconnue,
Vois cette branche ! Accroche-toi dessus !
Elle est solidement enracinée dans la montagne.
Prends appui sur elle, en pensée je t'accompagne.
Tant que subsiste la vie, l'espoir n'est pas perdu.
Demain sera un grand jour, nous l'avons attendu.
Même si la foudre, complice de la tempête,
Détruit ton arbre, écroule ta maisonnette.
La nature reconstruira, aidée par le temps,
Et l'homme, de ses bras, en fera tout autant.
Toi l'alpiniste, là-haut, bloqué sur ton rocher,
Ne sais plus comment, ni où, ta prise assurer.
Tu cherches, palpant comme un aveugle avec la main,
Un orifice, une entaille, un palier, un tremplin.
Alors, ton regard triste n'explique plus :
Jusque-là ce mur en était bien pourvu.
Mais cette liane qui tout à coup se balance,
N'est-elle pas un signe de la providence ?
Si ce n'est le hasard qu'une chance accorde,
Elle est bien attachée à un bout cette corde.
Je suis là, je la tiens, et je viens pour t'aider,
Quand dans ton esprit ton courage avait cédé.
Par ce parcourt dangereux tu t'approchais du ciel,
Mais la Terre t'appelait au destin des mortels.
Attrape mon bras qu'il te communique la force
D'atteindre cette cime et de bomber le torse.
Ami viens près de moi et plante ton drapeau,
Pour fêter cette victoire il n'est rien de plus beau
Que ce spectacle où pointent vers le ciel les sommets
Des montagnes enneigées et glacées comme des cornets.
Sur les toits du monde l'air est frais et pur.
De l'union naît la force, et cette culture
Est en nous. Cette réserve d'eau nous rassure.
Ainsi s'est terminée cette dangereuse aventure.
Nos regards se concentrent vers ce joli monde
Même privés, un instant, de la présence d'une blonde.
Actes d'amour ou d'amitié, il n'est rien de plus fort
Que notre reconnaissance à la Terre qui généra nos corps.