Lorsque, la nuit volait l'horizon, j'observais Au travers des persiennes, le majestueux Cap Martin illuminé en son cœur braisé Et se castrant comme chaque soir nuageux Où la lune offrait ses rêves sous d'autres cieux.
Mes yeux parcouraient les contours du golfe mais Déjà ils se voilaient d'un manteau noir. La mer D'un calme méditerranéen la journée, Semblait nous rappeler ses humeurs éphémères.
De ses griffes, elle lacérait les abords, Puis martelait notre bonne terre. Sans cesse, On entendait un murmure, réglant le sort Des rochers battus et lisses comme des fesses,
Un long sifflement pareil à une succion, Lorsque le ressac prenait dans ses bras, poussière Après poussière le résultat de ses conquêtes. A chaque nouvel assaut, la composition Devenait symphonie. Comme les lavandières, La trame musicale prenait un air de fête.
Ses chants berçaient nos âmes, enivraient un bon Millier d'êtres qui la nuit encor, arpentait Le vieux chemin de terre aux pieds des maisons Seigneuriales qui hantaient le Cap, ou s'embrassait
Fiévreusement, la peau embellie sous le fard Sablonneux. La marée ne pouvant les atteindre, Ramifiait un piège détourné par nos barbares. Les jets iodés bombardaient l'air chaud. Comment peindre
Ce lieu, embrassé d'un parfum glissant sur tous, Violant leur peau, estompant les échancrures, Coulant des caresses jalousées par les gousses Amoureuses de leurs superbes cambrures?
Alors on pouvait écouter, les longs soupirs Des corps assouvis. Les âmes livrées aux proies Embrasées, s'extirpaient de ces haillons de cire, Volant au son des muses bien trop belles sous leur soie.