la mort et moi on se connaît depuis longtemps je n’avais pas encore cinq ans que déjà je la berçais des après-midi de temps elle me parlait d’un petit chaperon blanc pendant que je chantais elle faisait des arrangements et me fixait des rendez-vous pour dans cent ans
la mort et moi on se connaît depuis longtemps je me souviens qu’adolescent je prétendais connaître le moment où je la rejoindrais dans son grand lit blanc car dans une vision je l’avais aperçu très nettement elle et son grand bonnet et sa voix de grand-maman
la mort et moi on se connaît depuis longtemps il m’arrivait assez souvent d’oublier qui elle est quand j’aimais follement quand l’amour emportait ma vie entièrement en ces nuits blanches-là j’ouvrais ma porte insouciant à son visage laid et à ses longues dents
la mort et moi on se connaît depuis longtemps c’est une intime maintenant par tous les bois où je m’en vais le loup me suit fidèlement et toujours de plus en plus près mais c’est sans regret pourtant que m’en étant défait complètement je m’enfuirais en de nouveaux appartements en gardant bien secrets les lieux et le trajet éternellement