Vos
poèmes

Quand vient le samedi matin,
Lorsque je pars faire les courses,
Un sentiment précieux m’atteint
Dont je ne sais que trop la source.

Mais pas de méprise, attention !
Je ne suis pas pour la grand-messe
Qu’on voue à la consommation
Un fidèle plein de promesses.

Si je vais au supermarché,
Ce n’est pas l’âme dépensière,
Mais seulement pour y chercher
Le sourire d’une caissière.

Ses cheveux sont châtains bouclés
Est ses rondeurs avantageuses,
Elle sait l’art d’ensorceler
Par des œillades ravageuses.

De son regard intelligent,
Elle illumine tous ses charmes
Et fait rendre à l’intransigeant
Ses plus vindicatives armes.

Quant à ses lèvres non fardées
Que de leur fraîcheur incarnate,
Les goûter doit donner l’idée
D’un fruit que l’Eden acclimate.

Je fréquente de plus en plus
L’établissement de commerce
Depuis qu’à son poste, émoulue,
Cette petite fée exerce.

Pour une seule brosse à dents
Ou une boite d’allumettes,
Je me mêle à tous ces quidams
Qui bourrent leur caddie d’emplettes.

Qu’importe la longueur des queues
S’échelonnant le long des caisses,
C’est toujours vers la sienne que,
Le cœur palpitant, je me presse.

On voit que la file, d’ailleurs,
Où elle enregistre les sommes,
S’étire beaucoup plus qu’ailleurs
Et n’intéresse que des hommes.