Qu’octobre s’en revienne et nous prendrons la route Qui, de ponts en tunnels, brode la Riviera Pour gagner la Toscane et répondre à l’écoute De la ferveur qui tient à nos cœurs, Francesca.
Nous y retrouverons ta maison familiale Avec ses vieux objets hérités des anciens Afin d’y savourer la douceur automnale Et d’y ressusciter nos réflexes terriens.
Ce sera le moment de faire la cueillette Des fruits que l’olivier a mûris avec soin Sur l’abrupt ondoiement des coteaux dont la crête Révèle par endroit une bâtisse au loin.
J’entends déjà chanter ta langue maternelle Entre vignes fanées et bouquets de cyprès Quand un gai ramasseur avec verve interpelle Une jolie consoeur qui l’a moqué exprès.
Tels que je nous connais, il faudra qu’on s’imprègne De la vie des marchés avec leurs salaisons, Leurs paniers regorgeant de cèpes, de châtaignes, Leurs cucurbitacées aux couleurs de saison.
De chemins en hameaux, de fermes en villages, Nous irons dénicher des sites harmonieux, De vieux havres de paix qui ont franchi les ages Pour se montrer à nous pleins d’un charme précieux.
Nous reprendrons par jeu notre querelle ancienne, Cherchant des arguments travaillés ou fortuits Afin de convenir, de Florence ou de Sienne, Laquelle est la plus belle et le mieux nous séduit.
Puis le soir, réfugiés devant l’âtre qui fume, Nous nous restaurerons d’un verre de Chianti Essayant d’y trouver quelque note d’agrume Ou de fraise et pour sûr de tanin bien senti.
Si alors un élan spontané de tendresse Nous pousse l’un vers l’autre au creux du canapé Comme du temps de notre insouciante jeunesse Qui nous vit à cela bien souvent occupés,
Il ne faudra pourtant, Francesca, pas omettre, A cultiver ainsi notre saison chérie Dans un si exaltant et riche périmètre, Que pour nous c’est aussi l’automne de la vie.