Cap Roig
Au bord de l’Emporda, terre de céramique,
Sur la côte boisée, toute mangée de criques,
Je connais un village arrondi comme un sein
Dont le clocher au centre accentue le dessin.
Les maisons, ramassées, serrées en enfilade,
Etirent la rondeur de leurs blanches arcades
Jusqu’au long de la plage où, entre les rochers,
Des barques ont été remontées à sécher.
Etagé par des murs avec un soin expert,
Un chemin piétonnier qui surplombe la mer
Permet au promeneur de marcher sans entrave
Au milieu de villas, de lauriers et d’agaves
Et dans l’ombre de pins en obliques faisceaux.
Ce réseau de balcons, d’escaliers et d’arceaux
Vous conduit au Cap Roig où un couple d’esthètes
A jadis élevé, en guise de retraite,
Un castel romantique et créé un jardin
Qui regarde la mer du haut de ses gradins.
On entre dans le lieu après avoir franchi
Un porche et une cour toute de chaux blanchie
Où des bougainvillées jettent un florilège
D’éclatantes couleurs auprès d’un chêne-liège.
Une allée sinueuse en gravillons s’ensuit
Entre un talus muré et une haie de buis
Où des eucalyptus et de beaux mimosas
Se disputent l’honneur d’accompagner vos pas
Jusqu’au manoir flanqué d’asymétriques tours,
Qui, par de larges baies de vitraux prend le jour.
Après le bâtiment, les parterres se scindent
En plusieurs corridors rehaussés d’œillets d’Inde,
De pourpres cyclamens, de pensées, de fuchsias,
De primevères gaies, de sanguins bégonias
Sous la voûte des pins qui tempère l’ardeur
Du soleil et ondoie de marine rumeur.
Les terrasses, alors, s’organisent par thèmes
Et seuls quelques degrés séparent les extrêmes :
Les ficus luxuriants des austères cactées,
Les espèces du cru des plantes importées.
Dans cette profusion, parfois, un mirador
Permet de retrouver le naturel décor,
Les vagues bousculant la roche en contrebas
Et les blanches maisons, au loin, de Calella.