Si le spleen te menace, écoute la parole Du poète persan qui depuis neuf cents ans, Sous forme de quatrains, enseigne à son école Que de la vie il faut goûter tous les présents.
Plonge toi dans l'étude et, des mathématiques, Extrais jour après jour un miel réconfortant, Les nombres ont en eux des ressources magiques Dont tu sauras nourrir ton esprit percutant.
Explore à la lunette et d'un oeil perspicace La profondeur céleste inhérente à la nuit, Les astres infinis qui peuplent cet espace Ont de quoi si besoin conjurer ton ennui.
Avec quelques amis et autour d'une table, Echangez des propos finement étayés, De la pensée, cherchez le filon véritable Que suivent, résolus, seuls les plus éveillés.
Réfléchis par toi-même, use de la critique, L'habile créateur t'a doté d'un cerveau, Ce n'est pas pour laisser un prêcheur hypnotique Faire de ta personne un austère dévot.
Les jours te sont comptés, bientôt sonnera l'heure Où la mort t'attendra, impassible, au tournant, Tu ne pourras contre elle employer aucun leurre Qui pourrait entraver son dessein éminent.
Alors, lève ta coupe emplie de ce breuvage Que la vigne produit sur le flanc du coteau, Vois l'éclat de rubis où son âme est en cage et bois de ce nectar qui t'égaiera bientôt !
Et qu'une belle soit à tes côtés présente Pour célébrer ainsi les mystères du vin, Respire en ses cheveux cette douceur grisante Qui te fera toucher te tes sens le divin.