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Renaud BOSC

Ce vieux pays !

C’est un pays ancien qui se dore au soleil
Comme un lézard serein dont le ventre palpite,
Un pays sans excès mais jamais en sommeil
Qu’un peuple chaleureux dans sa sagesse habite.

Un fleuve le traverse en roulant dans ses flancs
Des filons de galets en guise de richesse
Et frémit par endroits de remous turbulents,
Souvenirs du torrent qu’il fut dans sa jeunesse.

Une plaine s’étend tout au long du cours d’eau,
Quadrillée de vergers, de champs de céréales,
De travaux maraîchers alignés au cordeau,
De chemins vicinaux en infinis dédales.

Un réseau tortueux de côteaux marquetés
Présente dans ses plis de généreuses pentes
Où la vigne reçoit la chaleur des étés
Pour se gorger de sucre en ses grappes pimpantes.

Des fermes ça et là sont ancrées dans le temps
Avec leurs appentis, leur squelette de briques,
Chapeautées par un toit, couvre chef résistant
Où les tiges de botte, avec ordre, s’imbriquent.

Ce sont des matériaux de gisement local
Pétris d’argile cuite et de technique ancienne,
Donnant aux bâtiments leur charme proverbial,
Leur titre de noblesse et leur terre de Sienne.

Et les maisons des bourgs sont du même acabit,
Montrant à l’unisson cette teinte de braise,
Cette chaude couleur qui leur font un habit
Dont la matière brute est tirée de la glaise.

Ils enflamment aussi la litanie des jours,
Les ouvrages qui ont la valeur de symboles,
Les ponts et les clochers, les moulins et les fours,
Les passages couverts, les lycées, les écoles.

Des élèves par flots, sur des générations
Ont appris la grammaire et les arithmétiques
Sur les bancs élimés de ces institutions
Dont les enseignements se conçoivent laïques.

Puis ils sont devenus maçons ou paysans
Ou ont rejoint peut-être une autre coterie
Et d’un commun élan oeuvrent en partisans
Au développement de leur contrée chérie.

Et moi, je revendique être de ce pays,
Je me veux un enfant nourri de cette sève
A cette idée déjà, l’émotion m’envahit
D’une aimable tendresse et mon cœur se soulève.

Qu’on me donne ma part de villages perchés,
De péniches fleuries, de larges moissonneuses,
De serres, de jardins, de populeux marchés
Où gonfle le ferment des jeunesses heureuses.