Vos
poèmes

Comme elle fouillait dans son sac
Pour en extirper un bouquin,
Elle révéla tout à trac
Un superbe coup d’œil coquin.

Car ainsi penchée vers l’avant,
Elle mettait à la portée
Du premier maraudeur fervent
Un somptueux décolleté.

J’étais plongé dans le journal
Quand mon instinct mobilisé
Me fit braquer comme un fanal
Le regard sur cet exposé.

Lors, abandonnant les nouvelles
Qui rendent le matin chagrin,
Je me pris à étudier celle
Qui m’avait ainsi mis en train.

Pas de bagouze autour des doigts,
Pas de light sur l’aile du nez,
Elle ne faisait un emploi
Que de ses parures innées :

Des cheveux châtains et bouclés,
Des genoux solides mais fins,
Et, dans son caraco, moulés,
Ces deux pamplemousses divins.

Je me trouvais si concentré
Par ce modèle de fraîcheur
Que j’ai craint d’être repéré
Et d’amuser les voyageurs.

Car nous étions dans l’autobus
Que je prends quotidiennement
Pour rejoindre selon mes us
Mon professionnel élément.

Il a fallu que je descende,
Laissant la belle et ses rondeurs
Partir vers où elle transcende
Pour sûr d’autres admirateurs.

Pris d’une énergie positive,
Je fus, au travail, un bourreau
Dans cette journée fort active
Comme un Stakhanov de bureau.