Mes pérégrinations m'amènent quelquefois A découvrir un lieu plein d'une aura mystique Sur lequel des aïeux ont bâti autrefois Un monument de pierre aujourd'hui chaotique.
Ce peut être un dolmen dont le lourd tablier Maintenu élevé sur de rocheux ancrages, En marge de l'Histoire, inutile, oublié, N'a pas bougé d'un poil depuis le fond des âges.
Ce peut être une stèle, un cairn ou un menhir, Souventes fois gravé d'étranges caractères Dont le sens sibyllin ne se peut définir Que par quelques savants aussi rares qu’austères.
Ce peut être blottis dans le creux d’un vallon Les vestiges figés d’une vieille abbaye Qui a subi du temps le lent marteau pilon Et par la solitude inerte est envahie.
Elle n’a plus de toit, ses murs et arcs-boutants Lavés et érodés sont comme le squelette D’un énorme animal dont les seuls os restants Blanchissent au soleil dans une paix muette.
Ces divers piédestaux de l’esprit des anciens Ayant depuis longtemps ravalés leur superbe Mais frappés du statut d’honorables doyens Reposent bien souvent sur un parterre d’herbe.
Complétant le tableau, des moutons dispersés, Promus à l’entretien du gazon émérite, Dans la toison de laine où ils sont engoncés, Contribuent à marquer de quiétude le site.
Ils sont les artisans qui mettent en valeur La noble association de l’herbe et de la pierre Pour fixer l’harmonie à ce cadre enjôleur Dont l'Arcadie d'antan pourrait bien être fière.