Quand la tranquillité imprègne la maison, Qu’aucun de mes tracas plus ne me turlupine, Et que nul casse-pieds ne trouble l’horizon, Je me plais à trouver refuge en ma cuisine.
Sur la toile cirée nettoyée proprement, Je pose mes crayons, un bloc, le dictionnaire Et m’assois, décidé, pour un attablement Dont la finalité n’a rien de culinaire.
Je suis bercé par le chuintement de vapeur Que dans son alchimie, une marmite exhale, Le doux ronronnement du réfrigérateur Et l’humble cliquetis de l’horloge murale
Le ragoût sur le feu, qui mijote avec soin, Dispute la faveur de son savant mélange A des notes d’anis et de pâte de coing, De sauge, de piment et d’écorce d’orange.
Les arbres au dehors m’invitent aux ébats Qu’ils partagent avec la saga des nuages Dont les sautes d’humeur et les coups de tabac Du fantaisiste vent orchestrent les ambages.
Mon but est de tisser tout un filet de mots Afin de capturer, en braconnier habile, La poésie venant de tous les cardinaux Avant que ne s’enfuit ce gibier délébile.