Avec sa robe brune aux écailles de jais, Son ventre palpitant qu'un moindre souffle apeure, C'est le plus attachant et fidèle sujet Du royaume des champs où elle a sa demeure.
On la voyait naguère en vol désordonné Dans les matins d'automne au dessus de la plaine Égayer le ciel clair d'un concert claironné Du fond de son gosier, c'en était une aubaine.
En plus de ses devoirs de parent bienveillant Qu'auprès de ses petits, ses instincts réalisent, Ce petit corps léger sait être sémillant Et, sans se désunir, faire ses vocalises.
On la dit hausse col en Europe du Nord Et dans d'autres pays, gulgule ou moinelette, De l'Afrique à l'Asie, elle a mêlé son sort De calandrelle ici, ailleurs de pispolette.
Les hommes de jadis rêvaient de lui plumer Les aîles et le dos, le cou, le bec, la tête, Mais ceux de notre temps vont-ils la décimer Par les produits malsains qu'en terre leur main jette?
Quel crime ce serait s'ils devaient à jamais, Du monde, supprimer sa fragile existence Et, dans le ciel d'automne imposer désormais, Au lieu de chants joyeux, un opaque silence !!!