Vos
poèmes

J'aime, au beau milieu de l'hiver,
Quand d'alcyoniennes journées
Nous visitent, m'en aller vers
Les bords de Méditerranée.

Comme un parcours initiatique
Jalonné de stations ad hoc,
J'ai mes repères névralgiques
Pour me conduire en Languedoc.

La route file vers Naurouze
Dans le couloir du Lauragais,
Quittant le pays de Toulouse
Après le bourg d'Avignonet.

Petit à petit, sur ma gauche,
Couchée de tout son long, je vois
Que la Montagne Noire ébauche
Sa forme au nord du Minervois.

Voici ensuite Carcassonne
Et sa citadelle dressée
Où il semble encor que résonne
Le tumulte du temps passé.

Sur une terre rouge brique
Que l'astre d'été vient brûler
Poussent des ceps de vigne étiques
Et des cabanons isolés.

Puis il y a cette colline
Où se découpe sur les nues
La silhouette noire et fine
De pins parasols biscornus.

Lorsque l'horizon se dégage
Et que s'accélère le train,
La plongée sur l'étang de Bages
Donne un premier regard marin.

Il n'y a que peu de distance
Alors pour rejoindre la mer
Dans l'un de ces ports de plaisance
Que domine le mont Saint-Clair.

J'y aime le son qui émane
Des drisses battant sur les mâts
Quand le Cers ou la Tramontane
Mettent le pays sous leur pas.

J'y aime marcher sur les plages
Désertées par les estivants
Pour fréquenter l'aréopage
Des herbes, du sable et du vent.

J'y goûte le soleil timide,
Assis contre un mur de hasard
Dans un état d'esprit languide
Comme un nostalgique lézard.