Il ne faut pas prendre à la lettre Tout ce que disent les poètes, Ce sont d’impossibles rêveurs, L’amour des mots qui les habite, Qui les tourmente ou les excite Leur fait tout habiller de fleurs.
Si l’un d’eux avec révérence, De la maison de son enfance, Chante l’idyllique séjour, Peut-être était-ce une masure Dont la misérable toiture Laissait un peu passer le jour.
Si de ses parents, il célèbre Dans un bel hommage funèbre Les vertus avec le cœur gros, Il est possible que sa mère Fut une langue de vipère Et son paternel un poivrot.
Ses amis couverts de louanges Qu’il regarde comme des anges, Modèles de fidélité, Sont aussi bien des parasites, Menteurs, voleurs et hypocrites Qui rient de sa naïveté.
Et s’il nous présente sa belle Comme une gente damoiselle, Une princesse, une diva, Qui ne nous dit que la gamine N’est pas juste une gourgandine, Une Marie-couche-toi-là ?
Ainsi en est-il de l’aède Qui sempiternellement plaide Sa peine ou son exaltation, Le seul élément authentique A retenir de sa chronique Est le poids de son émotion.
Il ne faut pas prendre à la lettre Tout ce que disent les poètes, Ce sont d’impossibles rêveurs, L’amour des mots qui les habite, Qui les tourmente ou les excite Leur fait tout habiller de fleurs.