Vos
poèmes

Je voudrais ici rendre hommage,
Par un innocent intermède,
A l'un des plus beaux pâturages
Que le corps féminin possède.

Bien que n'usant pas des lieux saints,
Il me vient parfois, je l'avoue,
A la vue de deux jolis seins,
L'idée de plier les genoux

Afin de célébrer sur place
Le parfait génie du Très Haut
Qui a modelé tant de grace
Avec si peu de matériau.

Il faut les voir libres, quel port!
Quelle présence magnétique
Qui retient l'oeil des plus retors
A l'approche de l'esthétique!

Encor faut-il pour les aimer
Les voir dans un chandail moulés,
Quelle audace donc leur permet,
D'encore nous ensorceler?

Il faut savoir les deviner,
Reconstituer le dessin
Qu'ébauche le bout de leur nez
Sous un chemisier au drap fin.

Il faut les avoir caressés,
Oh! avoir senti dans ses paumes
Le grain satiné, insensé,
Comme le plus tendre des baumes.

Quel homme bien constitué
-Gourmand de féminins appas-
Ne s'est jamais substitué
En voyant ces ornements-là,

A un goulu petit bébé
Pris d'une faim universelle
Qui, bonnement s'offre à téter
Le jus de ces poires charnelles?

C'est le retour à la nourrice,
Nostalgie d'un âge doré
Où, pour baigner dans le délice,
Il suffisait de protester.

En ce monde qui est un bagne,
Il n'est d'oasis plus goûté
Que le giron d'une compagne
Pour se refaire une santé.

Ainsi moi, pour me renflouer,
A l'encontre des indécis,
Je sais à quels seins me vouer:
Ceux de mon amoureuse mie.