La nuit a recouvert le monde pacifié, Une longue journée s ‘achève à l’atelier, Le charpentier, couché dans le tas de copeaux, Médite sagement et goûte le repos ; Il a croisé ses doigts sous sa nuque alourdie Et laisse dénouer ses muscles engourdis. Il écoute la pluie crépiter sur le toit, La bénéfique pluie que la terre reçoit Pour que, de leur union, naisse une force vive Qui dresse les épis, gorge d’huile l’olive, Charge de raisins noirs la treille révérée Et éclate la peau des grenades cuivrées. Il pense également à son métier du bois, Au pin et au cyprès, au chêne vert qu’il doit Tourmenter patiemment afin d’en exhumer Les pétrins et berceaux qui y sont enfermés. A quelques pas de lui, derrière la cloison Qui le tient isolé du sein de la maison, Il entend son enfant, en fines notes claires, Rire et s’amuser sur les genoux de sa mère. Et toutes ses pensées sont dans le même élan : La terre qui produit tous ses fruits succulents, La femme qui éduque un homme de demain Et l’homme qui conçoit et construit de ses mains Sont un même chantier aux généreux acteurs Qui chante et glorifie l’esprit du créateur, Une œuvre de patience et d’endurante haleine Qui fait le cœur pimpant et l’existence pleine.